Un aperçu des enjeux actuels de l’intelligence artificielle

Une révolution dans le marché de la formation langues

En 2020, Linguaid a lancé des webinaires et des formations pour les formateurs langues pour leur apprendre à utiliser les plateformes de visioconférence à cause de la pandémie. Des milliers de formateurs ont pu bénéficier de notre aide dans un temps anxiogène et difficile.

Nous rentrons dans une nouvelle ère, celle de l’intégration de l’intelligence artificielle dans les formations langues. La demande sera la même – comment l’utiliser au service des formations en langues ?

Cet article, rédigé par Caroline Wiese, explore le côté obscure de l’intelligence artificielle autour de trois sujets importants : le biais, la sécurité des données et l’environnement.

Biais

Demandez à ChatGPT d’écrire une histoire sur un médecin et une infirmière soignant un village, et vous verrez probablement que le médecin est un personnage masculin tandis que l’infirmière est féminine.

Posez-lui la question : « Quels sont les meilleurs films de l’histoire du cinéma ? », et vous serez peut-être surpris de constater qu’un seul des vingt films suggérés n’est pas d’origine américaine :

Hollywood classique (avant 1970)

• Citizen Kane (1941) – Le chef-d’œuvre narratif et technique révolutionnaire d’Orson Welles.
• Casablanca (1942) – Un drame romantique intemporel avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman.
• Autant en emporte le vent (1939) – Une épopée romantique sur la guerre de Sécession.
• Lawrence d’Arabie (1962) – Un chef-d’œuvre visuel sur T.E. Lawrence réalisé par David Lean.
• 12 hommes en colère (1957) – Un drame judiciaire haletant qui met en avant la puissance du dialogue.
• Le Parrain (1972) – La saga criminelle de Francis Ford Coppola, souvent citée comme le plus grand film de tous les temps.
• Sueurs froides (1958) – Un thriller psychologique sur l’obsession signé Alfred Hitchcock.

Classiques modernes (années 1970-1990)

• Le Parrain, Partie II (1974) – Une suite rare qui égale son prédécesseur.
• Apocalypse Now (1979) – Une fresque saisissante sur la guerre du Vietnam.
• Star Wars : Un nouvel espoir (1977) – Le phénomène de science-fiction de George Lucas.
• La Liste de Schindler (1993) – Un drame bouleversant sur l’Holocauste réalisé par Steven Spielberg.
• Pulp Fiction (1994) – Le film culte de Quentin Tarantino qui redéfinit le genre policier.
• Les Affranchis (1990) – Un chef-d’œuvre mafieux de Martin Scorsese.
• Les Évadés (1994) – Une histoire puissante d’espoir et de résilience.
• Blade Runner (1982) – Un chef-d’œuvre visionnaire de science-fiction et de néo-noir.

Chefs-d’œuvre contemporains (années 2000 à aujourd’hui)

• The Dark Knight (2008) – Un film de super-héros qui a redéfini le genre.
• There Will Be Blood (2007) – Une étude magistrale sur la cupidité et l’ambition.
• Parasite (2019) – La satire sociale de Bong Joon-ho qui a marqué l’histoire des Oscars.
• Inception (2010) – Un thriller de science-fiction captivant signé Christopher Nolan.
• Mad Max: Fury Road (2015) – Un chef-d’œuvre d’action visuellement époustouflant.

Bien que ChatGPT explique que sa réponse peut « varier en fonction des goûts personnels, de l’impact culturel et de l’influence », on constate que la diversité des suggestions est limitée. D’ailleurs, une simple variation linguistique (par exemple, poser la question en français) permet parfois d’obtenir une réponse plus équilibrée.

Pourquoi ce manque de diversité ? Parce que les modèles d’IA sont entraînés sur des données provenant d’Internet, elles-mêmes créées par des humains. De plus, la plupart des IA conversationnelles utilisent des modèles linguistiques massifs basés sur des données en anglais, ce qui ne fait qu’amplifier les biais culturels et linguistiques existants.

Comment réduire ces biais ?

Une solution consiste à ajuster et « aligner » les modèles grâce à des bases de préférences, où les utilisateurs indiquent quelles réponses sont les plus pertinentes selon des critères spécifiques (pertinence, utilité, impact, etc.). Des plateformes comme Chatbot Arena ou compar:IA (un outil expérimental du gouvernement français) rendent cela possible. Toutefois, la participation reste très faible : selon compar:IA, moins de 1 % des utilisateurs francophones ont contribué à cette correction.

(Ceci dit, si vous n’avez pas vu certains des films mentionnés plus haut, planifiez une soirée cinéma dès maintenant ! 🎬)

Sécurité

Nos plus grandes craintes vis-à-vis de l’IA ne relèvent probablement pas du Terminator, mais plutôt de HAL 9000. Certes, nous savons que ces scénarios sont fictifs, mais nous comprenons aussi que les limites de l’IA sont façonnées par l’imagination humaine, ce qui, soyons honnêtes, n’est pas toujours rassurant. Heureusement, nous avons encore le pouvoir de débrancher la prise… pour l’instant.

Les dangers concrets de l’IA sont souvent plus subtils et concernent des questions comme la protection des données, la cybersécurité et les défis juridiques :

• Confidentialité et protection des données : les systèmes d’IA traitent d’énormes quantités de données, rendant cruciales leur sécurité et leur intégrité. L’usage de méthodes de chiffrement robustes et d’anonymisation sera essentiel pour éviter les fuites et les abus.
• Données personnelles : par défaut, ChatGPT enregistre vos requêtes pour améliorer ses performances. Heureusement, vous pouvez désactiver cette fonctionnalité dans Paramètres > Contrôle des données.

Enfin, le développement d’IA capables d’imiter des voix et des visages soulève des questions éthiques majeures. Si certaines initiatives sont louables (comme la recréation de la voix du doubleur français de Sylvester Stallone après son décès), d’autres usages sont plus inquiétants. 96 % des deepfakes sont à caractère pornographique, et 99 % ciblent des femmes, selon une étude de 2019.

Pour répondre à ces enjeux, la France organisera en février 2025 un sommet mondial sur l’intelligence artificielle et a récemment créé l’INESIA (Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’intelligence artificielle), rejoignant ainsi un réseau international d’instituts spécialisés.

Impact écologique

Parmi les critiques adressées à l’IA, son empreinte écologique est particulièrement préoccupante. Plusieurs éléments doivent être pris en compte :

1️⃣ La consommation d’électricité pour entraîner et faire fonctionner un modèle d’IA.
2️⃣ La quantité d’eau utilisée pour refroidir les serveurs.
3️⃣ L’extraction de métaux rares nécessaires aux puces et composants électroniques.

💡 Quelques chiffres clés :

• En 2019, le MIT Technology Review estimait que l’entraînement d’un modèle comme GPT-3 émettait 552 tonnes de CO₂, soit l’équivalent de 552 vols aller-retour entre Paris et New York.
• Une requête sur ChatGPT consomme 10 fois plus d’énergie qu’une recherche Google.

Malgré ces inquiétudes, des avancées permettent de réduire l’empreinte écologique des modèles d’IA. Certaines IA consomment moins d’énergie grâce à un nombre réduit de paramètres, tandis que d’autres sont utilisées pour optimiser la transition énergétique, comme le calcul des emplacements idéaux pour les panneaux solaires.

Conclusion : savoir utiliser l’IA intelligemment

L’IA est là pour durer. Il est donc essentiel de comprendre ses enjeux et de l’utiliser à bon escient.

👉 Avant d’utiliser ChatGPT, demandez-vous : « Ai-je vraiment besoin de l’IA pour cette tâche ? »
👉 Privilégiez des interactions courtes et ciblées, en adoptant une approche « réfléchir avant de parler ».

Enfin, si vous souhaitez mesurer l’impact énergétique de vos requêtes IA, jetez un œil à compar:IA, un outil développé par des chercheurs français et accessible sur le site du gouvernement.

🎯 Utilisée intelligemment, l’IA est un atout. Mais il reste essentiel de garder un regard critique et responsable.